Les méthodes qualitatives
L’entretien semi-directif
L’entretien correspond à une situation d’interaction provoquée par le chercheur avec l’objectif d’en retirer un ensemble d’informations. D’un côté, l’interviewé livre sa vision du phénomène étudié alors que de l’autre côté, le chercheur s’efforce de faciliter la parole de l’interviewé.
L’entretien comme situation sociale particulière
Il est nécessaire de rendre compte de la situation dans laquelle se déroule l’entretien afin d’obtenir des informations supplémentaires sur les personnes étudiées et de contrôler les biais qui pourraient interférer sur l’usage interprétatif fait ultérieurement par le sociologue.
La description du contexte de l’entretien (de la prise de contact à son déroulement en passant par l’observation de l’environnement et des attitudes corporelles) est un moyen de comprendre pleinement le discours tenu par la personne interviewée. Aussi, le travail d’analyse de l’entretien se passe bien avant que l’enregistrement ne débute. Les conditions dans lesquelles se négocient les premiers instants de la relation (manière de se présenter de l’enquêteur et de l’enquêté, accueil de l’un par l’autre…) doivent aussi faire l’objet d’une description minutieuse.
L’entretien sociologique est une relation sociale particulière, voire artificielle, entre au moins deux personnes qui ont chacune des caractéristiques sociales multiples (âge, position sociale, sexe, scolarité…). Elles sont plus précisément dans un rapport de pouvoir, comme le montre la négociation du lieu et du moment de l’entretien.
Le chercheur a d’autant plus de difficultés à imposer l’endroit et le temps de l’entretien qu’il s’adresse à des enquêtés détenteurs de fortes ressources économiques ou culturelles.
Monique Pinçon-Chariot et Michel Pinçon rapportent, dans leurs travaux sur la grande bourgeoisie française, les difficultés qu’ils ont eues à s’imposer à leurs enquêtés, qui les considéraient systématiquement comme des intellectuels et comme faisant partie d’un rang social inférieur. Chaque entretien était vécu par les deux sociologues comme des examens de passage où ils devaient faire preuve de leur disposition à se conformer au modèle de leurs enquêtés.
De jeunes chercheurs en sociologie font aussi état des obstacles qu’ils ont rencontrés lors d’entretiens avec des personnes de la haute administration subissant complètement les conditions dans lesquelles les enquêtés les plaçaient8. Ils se sont retrouvés complètement démunis face à ces enquêtés autant à cause du contexte extérieur (les entretiens se déroulent dans le bureau de la personne interrogée) que de la perception qu’ils ont eue de la situation (notamment liée à leur crainte de ne pas être socialement à la hauteur).
Dans ces cas-là, le risque est grand pour le sociologue de se retrouver confronté à un discours de généralités de la part de l’enquêté qui ne répond pas à ses attentes, alors qu’il était venu chercher des informations précises.
Les limites du guide d’entretien à un travail d’objectivation
S’il est recommandé d’élaborer un guide d’entretien, qui peut être un moyen pour l’enquêteur de se rassurer, il est nécessaire aussi de contrôler les effets que ce guide a sur la situation d’enquête. Comme le note Stéphane Beaud9, l’usage du guide d’entretien peut fortement valoriser l’enquêté, lui renvoyant l’image d’une personne qui sait répondre aux questions dans une conversation de type bourgeoise, comme il peut être mal vécu dans les milieux populaires pour des raisons inverses. Le guide d’entretien donne également une dimension scolaire paralysante pour l’enquêté qui, dans certains cas, se sent jugé et a finalement un effet contre-productif en ne permettant pas à la parole de l’enquêté de libérer sa parole.
Soumettre l’entretien à un travail d’objectivation
L’enquêteur est tout d’abord amené à considérer l’enquêté comme une personne sociale autant par son attitude corporelle et son langage que par le recueil d’informations sur ses caractéristiques sociales : trajectoire personnelle, scolaire, professionnelle, appartenances politiques, religieuses… Autrement dit, il est nécessaire de toujours prendre en compte les données subjectives (énoncées ou pas par l’enquêté) afin de ne pas introduire de biais dans les données obtenues, qui serviront ensuite dans la démonstration.
L’enquêteur doit par la suite être en mesure d’établir une relation de confiance avec son enquêté. Il ne peut alors tenir la position de celui qui encourage l’enquêté à produire un discours sur lui-même, sans jamais s’impliquer dans la i dation soc laie qu’il a artificiellement créée.
L’enquêté conduit, dans la plupart des cas, l’enquêteur à donner son avis et, l’inverse, l’enquêteur est contraint de manifester des signes de soutien à l’enquêté (au risque d’aller à (‘encontre de ses convictions politiques et morales les plus profondes). De fait, l’enquêteur participe activement à la situation d’enquête, que ce soit par ses manières d’être ou par son discours. Comme le rappelle Stéphane Beaud, il « dispose d’une palette de moyens verbaux ou non verbaux pour gérer la distance et la proximité avec l’enquêté »10, afin de rassurer l’enquêté face à cette situation forcée.
Si le premier temps de l’entretien est marqué par la nécessité de laisser la parole à l’enquêté pour qu’il ait le sentiment de pouvoir exposer en toute liberté son point de vue, l’enquêteur doit dans un second temps reprendre la main. C’est le moment pour lui de revenir sur des points qu’il juge importants mais que l’enquêté aura évoqué précédemment de manière allusive.
2 réponses pour "Les méthodes qualitatives"
la méthode qualitative est mois riche les différents type d’entretien et leurs avantages selon les situation
c est interresant