Le travail de préparation sociologique
Les premières lectures
Il est très rare que l’objet de recherche sur lequel le chercheur projette <l<‘ travailler n’ait pas déjà été traité de près ou de loin par d’autres ( hercheurs. Un objet s’inscrit, dans la grande majorité des cas à la suite d’autres travaux. Il est ainsi nécessaire de consulter un certain nombre d’ouvrages (notamment ceux qui sont présentés comme des ouvrages de référence) sur cet objet de recherche, sans oublier la contrainte de temps imparti à une recherche et sans prétendre à être exhaustif. Dès lors, il est recommandé de sélectionner ses lectures afin de ne pas se disperser.
Le choix des lectures doit s’opérer tout d’abord en fonction de la question de départ. Il se porte ensuite sur des ouvrages de synthèse ou des articles parus dans des revues scientifiques dans lesquels « les auteurs ne se contentent pas de présenter des données mais livrent aussi des éléments d’analyse et d’interprétation »4. Ce choix de lecture doit être enfin motivé par le souci de prendre en compte les différents points de vue sur le thème abordé.
Une fois le corpus d’ouvrages à lire établi, le chercheur doit se demander comment les exploiter au mieux. Il est recommandé de commencer par faire un résumé des premiers ouvrages ou articles retenus, en poursuivant l’objectif de dégager les grands axes de réflexion les plus remarquables et de les comparer ensuite pour montrer ce qui les rapproche, les distingue ou ce sur quoi ils sont complémentaires.
La première rencontre avec le terrain
Si les lectures sont un moyen de faire un point sur l’état des connaissances concernant la question de départ, les entretiens vont permettre de les enrichir soit en confirmant soit en infirmant les perspectives préalablement établies, soit encore en offrant de nouvelles opportunités sur le domaine étudié. Le chercheur part pour la première fois à la « rencontre » de son terrain avec l’objectif de découvrir des façons différentes de poser le problème et d’y confronter ses formalisations initiales du phénomène qu’il étudie.
Pour retirer pleinement bénéfice de ces entretiens préalables, il doit déterminer les personnes à interroger, la manière de mener ces entretiens et de les exploiter.
Trois sortes de personnes peuvent être concernées. Un premiers type est constitué par tous eux qui détiennent une expertise sur l’object , que ce soit un chercheur ou un expert. Un second type est constitué par les personnes directement impliquées dans l’objet étudié, que soit par la position institutionnelle qu’ils occupent ou leur connaissant e du problème. Et le troisième type, par les personnes qui sont directement concernées par l’étude.
L’exploitation des entretiens se situe à deux niveaux : dans un premier temps, on considère les propos tenus par la personne interrogée comme une source d’information parmi d’autres, puis on dépasse ce premier niveau d’exploitation pour s’apercevoir que les propos tenus sont toujours le produit d’un acteur socialement situé.
Ainsi, ces informations doivent toujours être comprises comme la manifestation d’un point de vue parmi d’autres.
Dans cette première confrontation avec le terrain, le chercheur peut aussi mener un travail d’observation et d’analyse des documents. Lors des entretiens, que ce soit lors de l’attente de la personne à interviewer ou lors de moments de relâchement (la personne interviewée est appelée au téléphone par exemple), il est utile de noter sur un carnet tous les éléments qui participent à la définition de la situation, pour ensuite pouvoir contrôler les effets de ces éléments sur l’entretien même. Mais ce travail n’est réellement exploitable que si les notes prises rapidement sont retranscrites minutieusement dans les jours suivants.
L’élaboration do la problématique
Après le premier travail de constitution d’une base d’informations (par les lectures, les entretiens exploratoires, l’observation in situ), le chercheurs s’efforce de définir une problématique qui s’inscrive dans la continuité de la question de départ.
La problématique se conçoit en deux temps. Le travail consiste d’abord, . à tirer pleinement profit des premiers entretiens et lectures réalisés afin d’avoir un point de vue sur les problématiques que le chercheur peut se donner et à réaliser un travail d’éclaircissement sur ce que le choix du sujet peut impliquer. Ce n’est qu’une fois ce travail effectué que le chercheur pourra élaborer sa propre problématique. Il s’agit alors de se donner un cadre théorique de référence, lequel repose sur une question définitive et non plus préalable comme c’était le cas à l’origine de la recherche, ainsi que sur des notions fondamentales.
Le chercheur confronte son objet aux différentes ressources théoriques auxquelles il peut recourir pour étudier le phénomène sur lequel il travaille. Mais ces ressources théoriques lui permettent uniquement de formaliser l’objet de sa recherche en dépassant une analyse strictement empirique, constituée dans la phase exploratoire.
Le travail qui est de se donner une problématique consiste ainsi à formaliser le cadre théorique dans lequel la recherche aura lieu.