La construction des hypothèses de la sociologie
La construction des hypothèses revêt une importance déterminante pour donner au travail une dimension scientifique.
Le chercheur est ainsi amené à tester sa problématique à partir d’hypothèses construites, en les confrontant avec les données qu’il va observer. Elles vont même déterminer les données à observer puisque ce sont elles, et elles seules, qui servent à valider les hypothèses à l’épreuve des faits. Les recherches se situent toujours entre le travail empirique et la réflexion théorique. Les hypothèses sont un moyen d’articuler ces deux dimensions indissociables.
Comment construire des hypothèses ?
Une hypothèse consiste à présupposer une relation de causalité entre deux phénomènes à soumettre à l’épreuve des faits. Cela implique qu’une hypothèse doit être systématiquement formulée de manière à déterminer les observations que le chercheur est amené à faire.
Mais le processus d’élaboration d’une hypothèse ne se limite pas à tenter d’établir un lien entre deux variables. Ce processus n’a de sens que s’il est rapporté à la problématique générale. Autrement dit, le chercheur, en même temps qu’il met en place ses hypothèses, doit mener une réflexion sur le modèle impliqué par la problématique.
• Soit une démarche hypothético-inductive par laquelle la construction de l’objet de recherche repose d’abord sur des faits pour en déduire ensuite des hypothèses, qui sont soumises enfin à l’administration de la preuve.
• Soit une démarche hypothético-déductive par laquelle la construction de l’objet « part d’un postulat ou d’un concept ou d’un concept postulé comme modèle (…). Ce modèle génère des hypothèses, des concepts et des indicateurs auxquels il faudra rechercher des correspondants dans le réel »5.
Aussi, pour pouvoir être soumise à l’administration de la preuve, une hypothèse doit pouvoir être remise en cause de manière systématique. C’est dire autrement qu’il est possible de la tester et de lui opposer des énoncés contraires.
Le recueil des Informations
Le recueil des informations a pour but de confronter les hypothèses que les chercheur aura précédemment établies à des informations observées. Pour réaliser ce travail, il doit s’interroger sur les données qu’il doit récupérer, sur quels acteurs et de quelle manière.
Quels types d’observations ? Dans quelle configuration ?
Dans un premier temps, le chercheur s’attache à délimiter les données qu’il a à collecter en fonction de sa problématique et des hypothèses rattachées à cette dernière. Dans un second temps, il est amené à circonscrire le ou les univers sociaux qu’il souhaite analyser, que ce soit dans sa dimension spatiale et/ou temporelle.
Deux situations peuvent alors se présenter à lui : soit il travaille sur un objet singulier comme une organisation politique ou humanitaire et, dans ce cas-là, l’objet est prédéfini, soit il s’intéresse à des phénomènes sociaux plus globaux et, dans ce cas-là, il porte ses choix en fonction de critères plus précis.
Différents éléments permettent au chercheur de faire ce travail de délimitation. Les hypothèses choisies lui donnent un moyen de délimiter les investigations à mener sur son objet. Les ressources concrètes dont il dispose peuvent également être un facteur lui permettant de faire ses choix.
Quelle population observer ?
Le travail de délimitation du champ d’analyse implique aussi de déterminer la population à étudier. Le chercheur se retrouve dans une situation où il a trois possibilités :
• Soit il analyse l’ensemble de la population de son champ d’investigation ;
• Soit il n’étudie qu’un échantillon qu’il construira comme représentatif de cette population à partir d’un certain nombre de critères ;
• Soit il se limite aux acteurs qui lui semblent les plus caractéristiques, et non les plus représentatifs, de la configuration qu’il analyse.
Le sociologue retient la première possibilité lorsqu’il porte son analyse sur des objets très larges et étudie la population en tant que telle, ou lorsque la population étudiée est restreinte et peut faire l’objet d’un traitement spécifique.
Il retient la seconde possibilité lorsque la population étudiée est trop large et qu’il est nécessaire de recueillir un grand nombre d’informations pour chaque individu ou unité, ou lorsque l’objectif du chercheur est d’obtenir une représentation équivalente à celle qu’il obtiendrait s’il interrogeait l’ensemble de la population.
Il retient la troisième possibilité quand les acteurs lui semblent non les plus représentatifs mais les plus caractéristiques de la configuration qu’il étudie.
Comment procéder pour observer ?
Dans sa situation d’observation, le chercheur dispose de deux méthodes différentes : l’une quantitative, à partir de laquelle le sociologue a recours au questionnaire ou au sondage ; l’autre ethnographique ou qualitative qui l’amène à se rendre directement sur le terrain en utilisant des entretiens ou l’observation in situ.
Le choix qu’il effectue entre ces deux types de démarches et leurs méthodes dépend de l’objet de recherche qu’il étudie et des hypothèses posées. C’est dire autrement que, pour chacune de ces méthodes, il s’agit d’en exposer la fonctionnalité mais aussi les situations de recherche les mieux adaptées.